Une grammaire des sentiments
Avec des onzains à géométrie variable, sans ornements ni sentimentalisme (mais non sans sentiments), pensée et langage sont confrontés. La grammaire de propos entendus et rarement interrogés est ici méticuleusement travaillée. Jean-Paul Chague convoque par citation ses auteurs favoris, Gertrude Stein, Keith Waldrop, Emmanuel Hocquard, Paul Celan, Ludwig Wittgenstein et bien d’autres, tissant leurs phrases dans les siennes pour soutenir son questionnement permanent sur ce que le monde fait au langage, et réciproquement.
Extrait (p. 11)
demeurant et en fait déjà parti
quels déplacements la phrase et au quart de mot
est-ce la forme des lettres qui éclaire
vos tracés – le dire fait de l’être –
est-ce une expansion avec ses adjoints
la pensée tributaire de la dépense
fût-elle invisible déplacer déposer
sont des verbes toujours sensibles
« ses propos ont dépassé sa pensée » – c’est
un exemple – c’est-à-dire à l’appui
mais qu’est-ce que l’appui d’une pensée
