Cent billets pour la nouvelle année
S’étant fixé comme contrainte d’écrire cent récits constitués de cent mots chacun, l’auteur nous promène entre la fiction, l’histoire littéraire, la politique, le burlesque et l’intime. Chaque histoire est autonome, étonne et touche par sa justesse, sa finesse. L’ensemble forme un corps kaléidoscopique rythmé, poétique et réflexif sur notre société, non dénué de touches tendres ou comiques.
Extraits :
Au centuple #1
L’odeur épouvantable de ses pieds aura coûté à Maxence Fermiot (1859-1914) une brillante carrière de politicien. Cinq minutes dans ses parages et l’atmosphère devenait irrespirable. Lui expliquer avec civilité la nature du désagrément était vain, il se fâchait tout rouge. Radié à vie de tous les rassemblements politiques, il fonda dans son coin cinquante-quatre partis, comme le PANARD (Parti Anarchiste, Nihiliste, Athée, Radical et Démissionnaire) ou le POQUE (Parti des Ouvriers Qualifiés Unis pour l’Emploi). Il mourut dans l’oubli quelques semaines avant la grande guerre, alors que son arme olfactive aurait été si précieuse pour déjouer les assauts de l’ennemi.
Au centuple #2
Jack London photographe, ce n’est pas seulement le peuple d’en bas de l’East End londonien, la guerre russo-japonaise dans une Corée en feu, le tremblement de terre de San Francisco, les prisonniers de San Juan de Ulúa et les combattants constitutionnalistes lors de la révolution mexicaine, ou Baltimore-Seattle par le cap Horn à bord d’un quatre-mâts. C’est aussi l’une des premières fois où des Polynésiens sont représentés autrement que sous la forme de stéréotypes exotiques, ainsi ces insulaires des Nouvelles-Hébrides devant leur maison : plan large et objectif en léger contrebas, moyen sincère d’affirmer l’égalité et la singularité des hommes.