Récit-documentaire écrit en résidence à l’agence Ciclic Centre-Val de Loire, autour de films d’archive sur les us et coutumes dans les villages à travers le vingtième siècle, de la première guerre mondiale aux grandes grèves de 1995. Le texte est ponctué d’images et de codes QR qui renvoient aux films d’archive.
Une coédition avec l’agence Ciclic Centre-Val de Loire.
••• Extrait (début) :
Alors au départ, c’est un peu compliqué. C’est un peu compliqué parce qu’il y a le jeu des alliances, des mésalliances, des combines et des intérêts, et parce qu’il y a la comédie des généalogies royales, lignages, protocoles, valse des étiquettes, mélis-mélos partout, et c’est quand même un peu compliqué à cause des micmacs et des copinages, renvois d’ascenseur, savonnages de planches, pas mal compliqué aussi avec tous ces empilements de hiérarchies militaires enjolivées de plumes, pompons, breloques, esprit chevaleresque sur canons de 105, et parce qu’il y a les paquets d’histoire avec dedans les bisbilles ancestrales, et à cause des bricolages politiques, tripatouilles industrielles, calculs de banquiers, virgules, pourcentages, bookmakers à Légion d’honneur, et parce qu’il y a les jongleurs sur cartographie et les tireurs de plans sur la comète, et tout ça se met à glisser comme au patinage artistique sur un tapis de frontières qui soudain ne satisfait plus personne.
••• L’Auteur
Jean-Michel Espitallier est né en 1957. Il est le cofondateur de la revue Java (28 numéros de 1989 à 2006) et a coordonné le numéro du Magazine littéraire sur la «Nouvelle Poésie française» (mars 2001). Depuis 2002 il se consacre exclusivement à l’écriture. Poète inclassable, Jean-Michel Espitallier joue sur plusieurs claviers et selon des modes opératoires constamment renouvelés. Listes, détournements, boucles rythmiques, répétitions, proses désaxées, faux théorèmes, propositions logico-absurdes, sophismes tordent le cou à la notion si galvaudée de poésie en inventant des formes neuves pour continuer de faire jouer tout le bizarre de la langue et d’en éprouver les limites. Il a notamment publié «Cow-boy», Inculte, 2019 ; «Salle des machines», Flammarion, 2015 ; «Caisse à outils : un panorama de la poésie française aujourd’hui», Pocket, 2006 (nouvelle édition, coll. «Agora», 2014).
••• Presse
Christian Rosset dans DIACRITIK a écrit:
Parfois on s’interrompt quelques secondes afin de réfléchir sur le fait qu’il y aurait peut-être ici à l’œuvre un renversement des rapports “classiques” entre image et texte. On se demande auquel des deux pourrait-on être en droit d’accorder le rôle d’illustration ? Ou s’il n’y aurait finalement plus d’illustrations dans ce projet, comme déjà dit, d’un “genre nouveau”, au profit d’une nouvelle forme de dialogue ?
Isabelle Maton dans Livre Ciclic a écrit:
“Centre épique” est la promesse d’une rencontre entre ces relais du passé [les films documentaires amateurs collectionnés par l’agence], propices à la création et un auteur, Jean-Michel Espitallier, un formidable allié, parfait ambassadeur à plume vive et complexe qui fait la lumière sur ce trésor cinématographique. Poète inclassable, Jean-Michel Espitallier aime « bricoler » la langue pour réinventer des formes neuves, jouer avec les mots et la fantaisie, utiliser l’absurde autant que la dérision, et déplacer ainsi la notion de poésie.
Objet voguant entre tradition du passé et singularité du présent, ce livre invite à plonger, avec nostalgie et/ou curiosité, dans ce passé révolu mais ô combien présent. Il est possible de lire et consulter à la volée les archives du site memoire.ciclic.fr à l’aide d’un smartphone.
Jean-Michel Espitallier répond à quelques questions sur la genèse de ce projet singulier…