“Achète mon carré blanc mon repos” de Lou Rappeneau

Ce recueil au titre pour le moins mystérieux nous entraîne, dès la première page, dans une quête obstinée pour dire ce qu’est l’avènement et le devenir de la chair au contact d’une autre chair. Il faut tenter de dire comment le corps va s’ouvrir, dans une sorte d’accouchement de soi ou de dislocation menant à un abandon total, jusqu’à l’oubli de son propre souffle.

La langue fait le choix d’une métaphore chargée d’éclairer le mystère de l’union des chairs : l’image de l’
eau, dans le cadre restreint d’une piscine, et sous des formes variées. L’union des corps, c’est la
fluidité, l’effusion et l’écoulement. Le motif du carré blanc, faisant d’abord référence à la serviette de bain, est aussi présent sous forme de pages blanches et sous forme de décor implicite : le bassin ou le
carrelage de la piscine, la pierre tombale.

Ce motif scande donc le discours lyrique et donne figure – géométrique, parfois – au drame qui se joue au centre du recueil.

Extrait  :

ouvre-moi comme la mer
en deux
dans la longueur nettoie
presse les morceaux, contre
la paume des mains, contre
ma peau ferme-la.
des tripes
plus rien
le sac plastique.

Lou Rappeneau est née en 2001 à Thiers, Puy-de-Dôme. Elle écrit et édite des objets poétiques et documentaires à petits tirages tout en poursuivant sa formation aux Beaux-Arts de Paris. Elle fait des trous dans des phrases, du papier et ses doigts pour laisser passer le jour.

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