Des images dont ont aurait que les indications géographiques. Des lieux, des scènes, des paysages, des errances, vécus ou imaginés durant trois ans, entre la Gironde et la Turquie. Claire Lajus évoque, tantôt dans de denses poèmes en prose, tantôt par des formes versifiées qui confinent au haïku, des moments de vie intime et d’Histoire, sans distinction semble-t-il, et surtout sans hiérarchies. Ce que les yeux ne peuvent plus voir, les couleurs devenues « indisponibles », elle nous les redonne par la langue, onirique et fine, qui est la sienne et qui avait largement convaincue dans son premier recueil, plus incantatoire,
l’ombre remue.
Extrait :
Ils ont vidé le ciel, le regard s’habitue déjà à ce vide, à cet aplat bleuet vide, doute même sur la réalité de l’arbre qui s’élançait là, il y a quelques minutes encore. Une présence s’efface et tout ce qui nichait dedans s’éparpille, migre, meurt. L’histoire de cette silhouette qui occupait nos regards le soir après dîner, qui tamisait le ciel empourpré, paravent du crépuscule, au faîte en cloche où se posait la tourterelle, toujours drôle, qui la fera perdurer sinon une âme de poète tenant le registre des présences oubliées ?
Claire Lajus est poète, traductrice du turc, créatrice et animatrice de la revue en ligne Ayna, promouvant la poésie turque contemporaine. Ses poèmes ont été publiés dans diverses revues. Elle a publié L’Ombre remue aux éditions La Crypte en 2018 et Aux Aguets dans la collection Levée d’ancre, L’Harmattan 2020. Le recueil Une Traversée paraîtra en décembre 2023 aux éditions MarsA . Ses poèmes sont traduits en anglais, en turc, en roumain et en grec. Elle enseigne actuellement le français et la traductologie à l’Université d’İstanbul.