Physalis, de Sylvie Marot

Éclats du cœur ou du corps, brisures : quoi qu’il en soit du vide dans lequel l’absence parfois nous plonge, qui connaît le physalis – la lanterne japonaise hōzuki – le sait d’emblée. Poète, Sylvie Marot l’est à la façon de la couturière : les mots, leur musique, leur forme et leurs couleurs, fleurs ou visages, chez elle tout se sent et se touche ; tout est art délicat de composer entre eux les sentiments et les choses Tout est matière. Et si chaque poème se fait avec les autres le récit balbutiant d’une femme qui doit se réinventer, comme on marche dans la neige c’est à pas feutrés qu’on avance. Flocons ou pétales qui bruissent sous nos pas, comme le physalis ouvrant son calice sous nos yeux : c’est le miracle de l’ instant.

Extrait :

Dans son corps ennemi, ses mots amis portent
des parures anonymes ; elle les confond, ils
frondent en elle. Des volcans font irruption dans
sa boîte crânienne ; sous son derme, trace
noueusement son sang vénéneux ; en région
thoracique, elle perpétue ses crimes d’amour ; son
archipel de naevus est imminemment célèbre.

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