La geste permanente de Gentil-Cœur, de Fanny Chiarello

Une jeune joggeuse croisée dans le bassin minier du Pas-de-Calais a inspiré un roman et cette chanson de geste. Images, vers métrés, langue musicale, mais rien d’épique dans le propos puisqu’on y découvre comment, pendant un mois, tous les jours nombres premiers, la narratrice est allée jusqu’au parc de la jeune athlète sur un vélo en fin de carrière, observant la vie des oiseaux d’eau, subissant la météo, variant ses pique-niques, se trouvant de nouveaux spots de pipi nature et chantant cajun. Ce road-trip entraînant s’amuse à faire un parallèle entre le nord de la France et le sud des États-Unis. La rencontre se produira-t-elle ?

Extrait (début du prologue):
comme toi je débute dans l’existence
encore que pas tout à fait comme toi
admettons par exemple que tu sois née
le onze septembre deux mille un j’étais
moi en un lotissement de Thumesnil
lorsque tu as pénétré dans l’atmosphère
terrestre et des avions percutaient des tours
de New York New York en boucle dedans ce
salon de pavillon parmi des millions
à moins que ce ne fût en octobre et que
ne barbotasse parmi les anableps
gros yeux près de Cayenne ayant ça y est
perdu ton innocence d’aujourd’hui puis
que j’avais jà connu l’amour et le bagne

Fanny Chiarello est née en 1974, elle vit à Lens. À la fois romancière (aux éditions de L’Olivier), autrice jeunesse (L’école des Loisirs, Le Rouergue), et poète (Les Carnets du Dessert de Lune, et désormais l’Attente), elle pratique aussi la photographie. C’est au fil de longues courses à pieds dans les villes ou dans la nature, dans des moments d’observation du monde ou en écoutant des genres de musique très éclectiques qu’elle trouve son inspiration. Elle a été récompensée de prix prestigieux comme Le Prix Landerneau ou le Prix Orange du livre pour son roman « Dans son propre rôle » (éditions de l’Olivier 2015).

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