Nathanaël livre avec effarés visages un essai poétique qui propose une lecture de ce qui se dit visage. Commençant avec le visage d’Antinoüs, c’est un voyage qui va interpeller les chemins de Paul Virilio, Alejandra Pizarnik, Mizoguchi Kenji, Marguerite Duras, Kobayashi Masaki. Claude Cahun sera, ici, aussi convoquée lors de ce voyage qui veut penser la révélation de l’épitaphe à demi effacée qu’est le visage.
Extrait :
Antinoüs : jeune amant suicidé d’Hadrien, dont la moitié du visage sied à Rome, au Palazzo Altemps, et l’autre moitié à Chicago, au musée des beaux-arts.
Figure d’une Europe affligée et d’une Amérique sans cesse à refaire. D’une part son visage est trompeusement reconstitué, de l’autre laissé en état de ruine, béant et fracassé.
De ce dédoublement surgit une contrariété, dont la pensée s’entredéchire sur les berges de deux continents noyés. L’amant, ainsi scindé, se voit soudain soumis à un enchaînement d’échos, s’avérant l’un, plus distancié que l’autre, de socle en socle, et d’imitation en imitation, d’où il se voit irrémédiablement arraché, implanté, renversé, et supplanté. Même identifié, le visage ne s’appartient plus, car déporté vers des zones d’auscultation post-mortelle suivant une méthode réservée aux cadavres exhumés.
février 2021
88 p., 14/19 cm
prix : 11,50 €
isbn : 979-10-97146-30-6