
Anthologie de textes écrits dans les années 1970, ce volume s’inscrit dans l’histoire de ce que l’on appelle aujourd’hui les poésies expérimentales. Écriture faite de collages (petites annonces, affiches de cinéma revues pronographiques, tickets de caisse, de métro etc.), d’emprunts, de références au Pop-art : poésie de l’ex-tériorité, poésie ready-made, poésie de détournements. Portraits d’une époque ou bande-annonce d’une contre-utopie – le monde perçu comme une industrie pornographique – ces textes sont une expérimentation littéraire de qualité, joyeuse et désespérée. L’on pensera au cut-up et cela n’est pas étonnant puisque l’auteur sera en contact avec Claude Pélieu, traducteur et introducteur avec Mary Beach de William Burroughs en France.
Extrait :
conflits champs d’horreur cadre de mort faire-part
charniers à sens unique sculpture illisible bouteilles de tatouages
valises de brumes ceintures rapports fichiers pulsar du Crabe
ses yeux hublots de machine à laver négatif d’une vie chasse d’eau du désir
rouée vive par les bulles on va tous y passer décomposition danger
Hérodiade enfoncée dans le texte autoroutes de baisers blocage
écriture non-lieu voix enterrée vive le signe saigne hors circuit
station-service, codes du Réel lait de mort cour cimentée
L’auteur :
Jacques Donguy (né en 1943 à Paris), critique d’art, poète, traducteur (d’Augusto de Campos) et théoricien, fondateur de la galerie d’art contemporain J&J Donguy, pratique la poésie numérique et sonore au cours de performances depuis 1983, notamment en collaboration avec Guillaume Loizillon, Laurent Mercier et Etienne Brunet. Il utilise l’ordinateur en faisant appel à des procédures aléatoires basées sur le hasard, ce qui renvoie à Mallarmé et à son Coup de Dés. Faisant partie de la deuxième génération des poètes numériques, avec notamment Jean-Pierre Balpe, Philippe Castellin et Tibor Papp, il est l’un des principaux théoriciens du mouvement. Jacques Donguy est l’éditeur, avec Sarah Cassenti et Jean-François Bory, de la revue Celebrity Cafe.