Cartographie d’une rancune tente de proposer un voyage à la fois géographique et intérieur : le narrateur déambule dans les rues d’une ville, remontant aussi son passé, essayant de comprendre la rancune qui le lie malgré tout à sa famille. S’il est personnel, ce recueil ne se veut pas être une autobiographie : il cherche à évoquer une situation dans laquelle beaucoup pourraient se reconnaître.Il s’agit d’une tentative de déporter le nombril que chacun porte au milieu de son corps :en suivant les pas du narrateur, le lecteur marchera peut-être sur ses propres déceptions et ses manques – ou le contraire.
Extraits :
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Autrefois, nous visitions les hauteurs de la ville : accoudés au parapet, la vue plongeait sur des inquiétudes qui se déplaçaient dans des diagonales insensées.
Il ne s’agissait pas de les compter, seulement de les observer comme on assiste à un accident, à l’effondrement d’une famille ou à la victoire de Bobby Fischer.
Nous habitons désormais la partie concave, celle qui protège des bourrasques, des tôles froissées, des rois qui pourrissent et de bien d’autres bricoles…
64
Si je venais à m’asseoir, la ville rongerait mon visage et il finirait par n’y avoir, dans ce petit renfoncement, qu’un mensonge de plus.
Alors j’avance, j’émarge ma géographie.
Je présente mes pas comme une offrande sans comprendre encore qu’il ne suffit pas d’allonger le corps, mais qu’il faut aussi l’ouvrir de bas en haut.
L’auteur :
Né en 1981 en Normandie, Matthieu Lorin vit actuellement à Chartres où il est professeur de Lettres. Durant son temps libre, il multiplie les (parties d’) échecs et dirige la revue de poésie La Page Blanche. Il a déjà publié quelques recueils de poésies dont Souvenirs et Grillages (présélection du prix Apollinaire Découverte 2022, SST), Un corps qu’on dépeuple (Exopotamie, 2023) ou L’éboulement du temps (Aux cailloux des chemins, 2024).
