Ce pourrait-être le même jeune homme que dans volvere, le premier recueil de l’auteur. Après son chemin à vélo, sa découverte d’un paysage dans le mouvement, il serait venu, sur une île grecque, poser ses valises pour ne faire que vivre, et vivre avec ceux du village d’en bas, se fondre dans leur quotidien, avec eux prendre le café, éplucher les légumes, rouler sur les chemins de mort de la montagne. Dans un recueil qui fait une belle place à la langue étrangère, Alban Kacher récolte dans les gestes simples et la parole des autres ce qui fait le fond de l’altérité généreuse. Loin du touriste qui, arrivant dans un pays, considère ses habitants comme des étrangers, l’auteur ou son alter ego ici s’accepte comme étant l’étranger, l’intrus discret mais curieux, qui partagera un petit moment de vie avec ceux qui l’accueillent. Une écriture qui dit cette hésitation, cette timidité voulant toutefois embrasser l’autre et sa manière d’être au monde.
Extrait:
Yanoula m’apporte
son huile d’olive
dans une bouteille de sprite
m’apporte des bûches et du gâteau au fromage
alors je porte des sacs de combustible
pour le poêle et
casse des arbres je fatigue
alors je dors
c’est normal