Vous n’avez jamais vu un film de Takashi Miike ? Non ? C’est très grave ! Et en même temps (comme dirait le chat de Schrödinger) : ce n’est pas grave du tout ! Car Romain Mercier, lui, en a regardés beaucoup et son livre, Rétromobile, en porte la marque. À l’instar de Miike, Mercier affectionne l’excès, l’humour grotesque, burlesque, slapstick, et le mélange des genres. Son écriture est toujours en mouvement, démontrant un goût certain pour le babil, la logorrhée.
La première moitié de ce livre est une sorte de roman totalement décalé. Il s’agit d’une sorte de film d’espionnage où l’action se situe en réalité dans la langue. Le film ne mène à rien mais la langue mène à tout. L’autre moitié est composée de poèmes en ptôse, écrits en écoutant le groupe Ptôse, groupe mythique de French Synthwave, et fortement inspirés par le cinéma de série B.
Ça parle – dans le désordre – de Dracula, du Jura, de la fiesta, de la famille Addams, d’un aspirateur obsédé sexuel, des aliens, d’inventer de nouvelles langues… On y trouve aussi une évocation toute particulière et personnelle de Kurt Cobain, où se mêlent mélancolie et lycanthropie.
extrait :
Les monstres ne sont pas si monstrueux que ça. La famille Addams vit avec moi dans le Jura. Nous vivons là. Je vis là avec eux. Ils se sont réfugiés chez moi. Avec moi. C’est le climat. Les gens nous regardent. Mais nous sommes bien là. Pas si monstrueux que ça. Nous chantons. Nous gambadons. Nous coupons du bois. La chose. La chose et moi.
Nous prenons du bon temps dans les bois. Dans le Jura.
Le dinosaure contemporain nous voit. Nous dit Bonjour. Bonjour ! Bonjour les amis.
Bonjour Romain. Bonjour la famille. Les monstres sont nos amis. Les monstres ne sont pas si monstrueux que ça. Nous chantons.