M.E.R.E – Rêverie-Auschwitz, Julien Boutonnier

L’on pourrait dire que le corps de l’écrivain, métaphoriquement, se prolonge dans le corps de son livre. Julien Boutonnier, avec M.E.R.E – rêverie Auschwitz propose qu’un individu, vraiment, se transforme en livre. C’est la lignification. En jouant de riches inventions littéraires, l’auteur offre ici un objet inclassable où poésie, histoire personnelle et histoire de la Seconde Guerre mondiale s’unissent. Ce livre est par ailleurs un projet qui vient s’incrire dans ce que la littérature peut entreprendre avec l’héritage de la Catastrophe.

Extrait :

Je viens vous voir parce que. Je ne sais pas trop. J’ai lu un livre. C’est un témoignage. C’est écrit par Zalmen Gradowski. Si je viens vous voir vous, c’est aussi pour ça, parce que vous êtes connu pour avoir écrit sur la destruction des Juifs d’Europe. Ce livre de Gradowski, il appelle. Il demande quelque chose. Pas vraiment comme un livre pourrait le faire. Il demande comme une personne le fait. Il faut pleurer. Il faut pleurer pour Gradowski, pour les assassinés. Il faut pleurer. C’est la personne qui le demande, c’est la personne qu’est le livre. 

L’auteur :
Julien Boutonnier est né au printemps 1977. Il vit à Toulouse où il travaille auprès d’enfants handicapés en tant qu’éducateur spécialisé. Après avoir joué dans des groupes de rock, réalisé des courts métrages, il écrit depuis une dizaine d’années. Son travail se décline en poèmes et récits. Une dimension expérimentale traverse son écriture qui circule sur différents supports (numérique, web et papier). Julien Boutonnier est également membre du comité de rédaction de la revue Empan éditée aux Éditions Erès.

Dernières parutions (en France) :
Les os rêvent, Dernier Télégramme, 2022
Introduction à l’ostéonirismologie, Dernier Télégramme, 2019
M.E.R.E, Publie.net, 2018
Fagot noir ruée claire, éditions K’A, 2018
Type 1 bis, éditions Gwen Català, 2016

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