Ce projet réunit trois textes de Pierre Soletti. Textes en courtes strophes de vers libres pour le rythme, par exemple, puisque ces textes sont amenés à être lus. Trois portraits voire quatre d’artistes puisque celui de Ingres est associé ici à Ernest-Pignon-Ernerst. Après Ingres viennent ceux de Shakespeare et Robert Wyatt. Une écriture un peu décalée, et qui n’est pas sans humour, vient dire ici le respect de l’auteur pour ceux dont il brosse le portrait et aussi la tendresse qu’il leur porte. Une façon de rencontrer, pourquoi pas, Shakespeare en train de boire une bière avec Wyatt. Précisons que tout ce qui est dit dans ces textes est vrai.
D’une écriture empreinte de fausse naïveté, de mots simples mais créant des surprises langagières, des juxtapositions graphiques ou lexicales, Pierre Soletti développe une poésie sans cesse animée, revendiquant de maltraiter la langue, à l’image du « poète agité » comme il est souvent nommé. (Magali Brazil, maison de la poésie de Nantes)
Extrait :
Shakespeare
chevelu chauve
peine à ratisser entre les dents
larges du peigne la mer à boire
son visage dans la glace
trait tiré
songe en été
à la nuit
sort de l’eau
siffle un demi – œufs + bacon